Cygnes en pâte à choux

Cygne en pâte à choux

Bonjour,

La pâte à choux, tendre, délicate, croustillante et légère, la pâte à choux me donne envie de croquer dedans à pleine dents, de la dévorer plutôt que de la manger, à me comporter en gourmande invétérée, à succomber encore et encore…

La pâte à choux, ce sont des souvenirs d’enfance et d’insouciance. C’est le dessert du dimanche qu’on allait chercher après la messe, à la Pâtisserie de Monsieur Maillard. Je préférais les cygnes gracieux, aériens aux religieuses dodues et brillantes. ♥ Papy Lulu ♥ le savait, et je bénéficiais d’un traitement de faveur. J’avais le droit de choisir 🙂

On ne voyait jamais Monsieur Maillard dans la boutique. Il était la Légende, le Pâtissier aux milles médailles, récompenses et prix prestigieux. Il créait dans son laboratoire et son épouse régnait sur la Boutique. Madame Maillard, j’en garde encore un souvenir ébloui. Petite, vive, d’une élégance folle, brune, toujours impeccablement maquillée, avec des chignons qui me donnaient le vertige. On aurait dit une poupée de porcelaine mais avec un sourire à réchauffer le pire des hivers. Elle glissait toujours le plus gros gâteau dans la boite avec un clin d’œil complice.

Après, nous allions à la messe, puis c’était les échanges de politesse sur le parvis de l’Église, et je piaffais dans mes « beaux habits ». Et l’attente durait encore et encore. Il fallait se rendre sur les tombes, toutes celles de la famille, des oncles, des cousins, des neveux, de ceux qui avaient « fauté » et pour les âmes desquels il fallait prier, et pour ceux qui étaient tombés pour la France et qu’il fallait remercier. C’était important. Mes grands-parents, mes parents nous transmettaient l’histoire de notre lignée, notre héritage. Nous savions d’où nous venions et qui nous étions.

J’écoutais sagement, je faisais mes prières mais j’avoue, parfois, mon esprit vagabondait du côté de la Pâtisserie. Je redoutais que Madame Maillard se soit trompée et ait remis notre boite à un voisin. L’enfer n’aurait pu être plus cruel !

Je descendais « La Côte » à toute vitesse !

– » Tu va abîmer tes vernies !  » me criait Mamy. J’essayais de maintenir mon chapeau sur ma tête, pestant contre mes gants en dentelle dans lesquels mes ongles se prenaient. J’arrivais les joues brûlantes et rouges, toute essoufflée à la porte de la boutique, et Madame Maillard me donnait la boite avec notre nom. Ouf! Tout allait bien !

Ensuite, il y avait l’apéritif. Martini et petits gâteaux salés pour les adultes, grenadine pour les enfants, et ce repas qui n’en finissait pas…

J’attendais avec impatience le moment du dessert et le rituel des jolies assiettes en porcelaine fine, de la petite cuillère en argent. Mamy servait les cygnes, les choux à la crème et les religieuses sur un plat orné de roses. On ne mettait pas les doigts sur ces petites merveilles ! Elle s les glissait sur nos assiettes à l’aide d’une pince. Et il fallait encore attendre un peu, que tout le monde soit servi pour pouvoir enfin avoir le droit de goûter. Je poussais un petit soupir de soulagement et je croquais la tête de mon cygne en premier…

Cette recette est un hommage à ces jours anciens et révolus, à mon grand-père que j’adorais, aux dimanches en famille, à un art et une douceur de vivre dont, parfois, je suis nostalgique. Mes cygnes sont très loin d’être aussi beaux que ceux de Monsieur Maillard, mais j’ai sorti les belles assiettes en porcelaine de ma ♥ Mamy Henriette ♥

J’ai pris la recette de la pâte à choux dans un livre de cuisine que je garde comme un Trésor, celui de ma ♥ Maman ♥. Elle l’a reçu en cadeau de mariage, en 1963. C’était le livre de référence de cette époque (paru en 1961). Il reste encore ma référence en 2012 pour les « fondamentaux ». C’est dire si je crois à la notion de transmission. J’espère que mes neveux et nièces liront un jour ce billet. Je sais que  « Papyrette » leur manque, comme elle me manque…et qu’ils sauront eux aussi d’où ils viennent et qui ils sont.

  Source : « La cuisine au foyer » de Suzanne Penna

Temps de préparation : 30 minutes

Temps de cuisson : 20 minutes

Température du four : 200°C thermostat 6/7

Cygne à la Crème Chantilly

  Ingrédients pour 8 cygnes :

  Pour La Pâte à choux :

250 grammes d’eau

100 grammes de beurre

15 grammes de sucre en poudre

sel

125 grammes de farine tamisée

3 œufs

  Pour la crème Chantilly :

40 cl de crème fraiche liquide de type « Fleurette »

1 cuillère à soupe de sucre en poudre

  Préparation

  Les choux :

1) Dans une casserole, mettez l’eau, le beurre, le sucre en poudre et la pincée de sel. Faites bouillir. Retirez du feu et jetez en pluie en remuant bien la farine, avec une cuillère en bois.

2) Quand toute la farine est bien amalgamée, remettez sur le feu et cuisez jusqu’à ce que la pâte se détache du fond de la casserole. (Il doit se former une croûte blanche sur le fond de la casserole.) La pâte est dure à travailler.

3) Retirez la casserole du feu. Laissez un peu refroidir, puis ajoutez-u, en remuant toujours à la cuillère en bois, les , un par un, en remuant bien entre chaque? A la fin, votre pâte doit être souple et un peu molle.

4) Sur une plaque garnie de papier sulfurisé dressez la pâte à choux : 8 boules de forme allongée et  8 cous en forme de S. Enfournez à four chaud. Laissez la porte très légèrement entrouverte en la bloquant avec une spatule en bois. Surveillez de très, très près et ajustez la cuisson en fonction de votre four !

5) Une fois les choux bien refroidis, coupez tous les hauts dans le sens de la longueur. Coupez le dessus du chou en deux pour former les ailes.

  La crème Chantilly :

A l’avance, placez un saladier et les fouets de votre batteur électrique dans le congélateur.

Montez la crème pendant 2 minutes avec la plus petite vitesse. Dès que la crème commence à épaissir, augmentez la vitesse et versez progressivement le sucre en pluie. Augmentez encore la vitesse jusqu’à ce que la crème soit bien prise et fasse de jolis pics.

  Le Montage des Cygnes :

Avec une poche à douille garnissez la partie basse des cygnes. Plantez délicatement les ailes et le cou. Glissez sur un plat ou une petite assiette.

  Petites notes :

J’ai choisi de faire des cygnes ronds plutôt que de forme allongée. Sur ma feuille de papier sulfurisé j’avais tracé des cercles de même diamètre pour être sûre d’avoir des gâteaux de taille équivalente. J’ai aussi choisi de dessiner les S des cous. Je ne maitrise pas parfaitement l’art de la poche à douille, mais je voulais faire un travail le plus soigné possible.

  Une autre histoire de famille :

 » Voyage dans le Temps « 

Je vous souhaite une journée douce, voluptueuse et gourmande!

Prenez bien soin de vous!

♥ Bisous ♥

Cenwen